La FCPE s’alarme de la disparition d’une filière universitaire à l’URCA qui réduit le choix de formations supérieures proposé aux lycéens et lycéennes sur notre territoire.
Depuis cette année, la filière de licence AES n’apparait plus sur le portail Parcoursup.
Selon Parcoursup, il n’existe plus de licence AES (Administration Economique et sociale) sur le site de Reims de l’URCA. Pourtant, cette filière ouvre les portes de très nombreuses carrières et professions à responsabilité dans les secteurs public, parapublic et privé (administration, secteur sanitaire et social, entreprises, etc.). Jusqu’alors elle accueillait un nombre important de nouveaux bacheliers qui souhaitent poursuivre des études supérieures (environ 300 en 2020-2021 à l’URCA). Pour s’engager dans cette filière, les nouveaux bacheliers ne peuvent plus compter que sur les 80 places proposées sur le Campus des Comtes de Champagne du site de Troyes.
La filière AES est l’une des filières les plus « démocratique » de l’université en France. C’est celle qui accueille le plus de bacheliers technologiques[1]. Et au niveau de l’origine sociale, les licences AES accueillent, plus que d’autres, des jeunes de classes moyennes et populaires. La création de cette filière dans les années 1970 répondait justement à une idée de démocratisation de l’accès aux diplômes supérieurs. On connait bien les inégalités sociales d’accès aux différentes filières de l’enseignement supérieur[2], et c’est vrai que la licence AES ne compte pas parmi les plus prestigieuses. Pour autant, elle reste aujourd’hui une voie d’accès significative à l‘université pour de nombreux bacheliers, et notamment les moins favorisés. C’est pourquoi, la FCPE s’interroge sur les raisons de cette disparition qui aura, au moins, deux conséquences graves, pour les lycéens et leur famille.
1/ Pour les nouveaux bacheliers qui souhaitent s’orienter vers cette filière, l’accès en devient très sélectif. Pourtant l’université française se déclare accessible à tous les bacheliers, qu’ils soient généraux, technologiques ou professionnels. Cette sélectivité va à l’encontre des annonces ministérielles de ces dernières années qui mettent en avant le libre choix de parcours de formation des jeunes bacheliers[3]. Mais, on le sait, tous les bacs ne se valent pas pour poursuivre des études universitaires ![4] Mieux vaut un bac général, qu’un bac technologique ou professionnel pour être recruté via Parcoursup dans la filière de son choix.
2/ Cette diminution de l’offre universitaire peut forcer les néo-bacheliers à migrer vers d’autres académies, ce qui se traduirait très concrètement pour les familles par une hausse significative des frais de scolarisation (logement, nourriture, etc.). On peut craindre que, face à ces difficultés logistiques et financières, certains jeunes renoncent à leur projet d’étude supérieure.
Dans un contexte particulièrement anxiogène pour les jeunes, la disparition de cette licence apparait comme un obstacle supplémentaire à la poursuite des projets d’étude des néo-bacheliers de notre académie.
[1] Sources : DEPP, RERS-2021, tableau 2 page 159.
[2]Herbaut, E. (2019). Les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur français: Avantages cumulatif et compensatoire au cours de l’enseignement secondaire. Revue française de sociologie, 60, 535-566.
[3] En 2018, la réforme du lycée professionnel promet des « parcours d’excellence et de réussite » (Transformer le lycée professionnel : former les talents aux métiers de demain | Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports). En 2020, la réforme du baccalauréat général affiche une épreuve plus « juste » et plus proche des choix des lycéens (Baccalauréat 2021 | Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports)
[4]Herbaut, E. (2019). Les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur français: Avantages cumulatif et compensatoire au cours de l’enseignement secondaire. Revue française de sociologie, 60, 535-566.